Depuis l’introduction du premier arrêté royal imposant les vaccins marqués en 1997, la Belgique a franchi des étapes importantes dans la lutte contre l’IBR (rhinotrachéite infectieuse bovine).
En 2012, au lancement de la lutte obligatoire, 55 % des troupeaux étaient encore infectés. Deux ans plus tard, le plan de lutte a été validé par l’Union européenne, permettant au pays de bénéficier de garanties sanitaires lors des échanges commerciaux. Grâce aux efforts déployés, 95 % des troupeaux étaient considérés comme indemnes en 2021.
Une dynamique qui s’essouffle
La diminution du nombre de porteurs latents (animaux gE+) est notable : environ 12 000 en octobre 2019 contre seulement 708 en juin 2025, soit 0,07 % de l’ensemble du cheptel bovin. Toutefois, malgré cette avancée, le nombre de troupeaux infectés stagne depuis maintenant cinq ans.
À l’échelle nationale, la répartition actuelle des statuts est la suivante :
- 0,21 % des troupeaux sont en infraction,
- 2,3 % sont encore infectés,
- 1,5 % sont assainis.
Au mois de juin 2025, 96,44 % des troupeaux et 94,82 % des bovins sont officiellement indemnes selon la Loi de Santé Animale (LSA). Mais ces chiffres restent encore en deçà de l’objectif fixé : atteindre d’ici 2027 un taux de 99,8 % de troupeaux indemnes et 99,9 % de bovins issus de ces troupeaux. Face à la difficulté d’atteindre cet objectif dans les délais initiaux, l’échéance a été reportée à 2030, date à laquelle la Belgique espère obtenir une reconnaissance officielle de son statut indemne d’IBR.
Les principaux constats
- Bien que les troupeaux d’élevage soient proches de l’objectif, 158 cheptels wallons spécialisés dans l’engraissement restent non indemnes.
- Depuis 2022, une légère érosion des statuts indemnes est constatée chaque année.
Les principales sources de contamination entre décembre 2024 et mai 2025 sont identifiées comme suit :
- achats de bovins : 33 %,
- résurgences d’anciennes infections : 33 %,
- voisinage et visiteurs : 17 % chacun.
Une vulnérabilité persistante : le transit
Le point le plus critique aujourd’hui reste la perte de statuts indemnes liée aux achats d’animaux. Le maillon faible du dispositif sanitaire réside dans les établissements de négoce, où les animaux entrent et sortent quotidiennement, sans contrôle sanitaire systématique. Ce va-et-vient crée des foyers de contamination, souvent non détectés à temps. L’absence de cadre légal permettant de restreindre les mouvements d’animaux à risque rend la situation encore plus complexe.
Un seul porteur latent peut ainsi contaminer plusieurs dizaines d’animaux durant son passage en transit. Ainsi, lorsqu’un bovin est détecté infecté à son arrivée dans un troupeau, l’enquête épidémiologique menée dans la base Sanitel révèle que, dans 99 % des cas, l’infection a eu lieu après son départ du troupeau d’origine, c’est-à-dire durant le transport ou le séjour intermédiaire.
Les leviers à actionner
Sans réforme du système de traçabilité, l’éradication de l’IBR restera hors de portée, en dépit des efforts constants des éleveuses et éleveurs. Trois mesures prioritaires sont identifiées :
- Mise à jour en temps réel des documents de circulation (DC)
L’accès à la base Sanitel doit être systématisé avant tout mouvement d’animaux. Or, les DC sont souvent générés à la naissance ou bien avant l’achat, ce qui les rend obsolètes. → Refonte des documents de circulation. - Digitalisation et centralisation des registres de transport
Les contacts rapprochés entre animaux dans les camions représentent un risque élevé pour les cheptels de destination. → Développement d’une application de suivi en temps réel. - Suivi sanitaire continu à partir de Sanitel
Les autorités sanitaires (ARSIA, DGZ) doivent pouvoir détecter rapidement les contacts à risque et les ruptures de traçabilité. → Mise en place d’un système de détection automatisée des failles.
Source : Jean-Yves HOUTAIN (ARSIA) · Illustration : Collège des Producteurs