Il est reconnu que les variétés hybrides sont plus vigoureuses et plus robustes. Ainsi, elles ont une meilleure résistance aux conditions climatiques extrêmes, ce qui leur permet d’avoir un rendement pluriannuel stable. Cependant, en froment, les hybrides n’ont pas encore été largement adoptés. C’est pourtant le cas d’autres cultures comme le maïs ou les légumes. Nous nous sommes rendus sur la vitrine de Limagrain à Kerkhove (Flandre-Occidentale) pour mieux comprendre les enjeux liés aux variétés hybrides. Au travers de cet article, nous essayons de comprendre cette réalité de terrain.
Les extrêmes météorologiques compliquent la mise en œuvre des itinéraires phytotechniques des cultures et en particulier, celui du froment d’hiver. Ainsi, des conditions non-optimales pour le développement cultural ainsi que des épandages d’engrais compliqués sont de plus souvent rencontrés. Sans oublier les défis liés aux suppressions des matières actives de protection des cultures combinés avec des conditions météorologiques parfois très propices au développement des maladies fongiques.
L’effet d’hétérosis
Un hybride se définit comme étant un descendant de lignées parentales qui sont génétiquement éloignées les unes des autres. Les hybrides présentent les avantages des lignées parentales et sont souvent plus robustes et plus sains avec un potentiel de rendement supérieur aux lignées pures, également appelées variétés conventionnelles.
Les plantes sont plus vigoureuses, ce qui limite les pertes de talles en cas de sécheresse printanière. De plus, la fertilité de leurs épis est meilleure que celle des variétés traditionnelles, dites lignées. Cela présente un avantage en cas de pluie autour du stade de la floraison. Une meilleure résistance à la verse est également observée. En effet, les tiges des variétés hybrides sont plus robustes que celles des variétés classiques. Le rendement en paille des hybrides est bien souvent également plus important. Notons aussi un système racinaire plus développé, ce qui confère une meilleure résistance à la sécheresse et une utilisation plus efficace des engrais.
Un engouement limité
En ce qui concerne les variétés hybrides de froment, on constate une évolution lente des surfaces emblavées. Cela pourrait s’expliquer par le prix plus élevé des semences des hybrides ainsi que l’impossibilité de les reproduire en tant que semences fermières. Néanmoins, comme expliqué précédemment, les hybrides ont plusieurs avantages :
- Meilleure rentabilité du rendement dans les parcelles hétérogènes ou en situation de stress hydrique ;
- Développement plus important du système racinaire, ce qui confère une meilleure résistance à la sécheresse et une meilleure utilisation des éléments nutritifs ;
- Une meilleure tolérance aux maladies, qui offre une plus grande flexibilité d’application des fongicides ;
- Meilleure résistance à la verse ;
- Meilleur tallage, ce qui signifie que la densité de semis peut être moindre et que la céréale a tendance à étouffer les adventices. La biomasse aérienne étant plus élevée, le rendement en paille est amélioré.
Des doses de semis contenant 500 000 graines
La densité de semis des froments hybrides dépend de leur date de semis. Comme pour un froment classique, la densité de semis doit être corrélée avec la date d’implantation. Au plus le froment est implanté tard, au plus les conditions de sol se dégradent et au moins la luminosité est présente. Cela doit donc être pris en compte dans la densité de semis. Chaque dose de semis d’un blé hybride contient 500 000 graines. Le tableau ci-dessous reprend le nombre de doses que Limagrain conseille d’implanter en fonction de la période de semis.
Période de semis | Nombre de doses à implanter [dose/ha] |
25 septembre au 5 octobre | 3 |
5 octobre au 25 octobre | 3,5 |
25 octobre au 15 novembre | 4 |
Après le 15 novembre | 4,5 |
Des nouvelles variétés sur le marché
Enfin, notons l’arrivée sur le marché de nouvelles variétés de blé hybride comme Hystoric, Hybingo ou encore Hybiscus. Inscrites dans plusieurs essais en Belgique et à l’étranger, ces trois variétés ont présenté des résultats de rendement supérieurs aux témoins.
Enfin, il est important de savoir que tous les blés hybrides ne sont pas tolérants au chlortoluron. C’est par exemple le cas de l’hybride Hybingo. Il convient donc de faire attention à l’utilisation des produits phytosanitaires lors du désherbage de certaines variétés.
Des hivers de plus en plus doux Classiquement, les blés peuvent résister au froid jusqu’à la fin de leur période de tallage. Avec le changement climatique, les risques de gel tardif sont de plus en plus présents. Néanmoins, la sélection de cultivars résistants à ces épisodes de gel tardif est difficile car le froment est un végétal qui n’a plus de résistance au froid après sa période de tallage qui est bien souvent antérieure aux gelées printanières tardives. De plus, les hivers étant de plus en plus doux, la végétation sort plus rapidement de dormance au printemps. Les besoins en azote sont donc rencontrés plus tôt en saison, ce qui souligne l’importance de la première fraction azotée. |
Texte et illustrations : Antoine Van Houtte