Entrée dans les mœurs, la vermifugation des animaux lors de leur retour à l’étable est un réflexe très souvent observé. Bien entendu, après plusieurs mois au pâturage, il est probable que l’animal soit parasité — c’est d’ailleurs la règle pour tout herbivore ayant accès au pré. Pourtant, malgré ces multiples campagnes éradicatrices, force est de constater que les parasites restent bien présents.
La gestion à l’aveugle et non raisonnée du parasitisme à coups d’antiparasitaires a, en réalité, des conséquences désastreuses à moyen et long termes, sans nécessairement apporter de solution à court terme.
Et si vermifuger systématiquement faisait plus de mal que de bien ?
Tout d’abord, chaque vermifugation entraîne la sélection de souches parasitaires naturellement résistantes à la molécule employée. Celles-ci continueront leur cycle et se multiplieront, surpassant à terme la population de vers sensibles.
Ensuite, la diminution du contact parasite/hôte allonge le temps nécessaire au développement immunitaire de l’animal. Il restera potentiellement fragile face à une infestation parasitaire plus importante et n’opposera aucune résistance à la reproduction des vers dans son organisme. Au contraire, le bovin non immunisé en sera l’amplificateur.
Par ailleurs, les propriétés insecticides de bon nombre de vermifuges induisent un appauvrissement des insectes coprophages, laissant derrière eux nombre de bouses-niches, lesquelles protègent les œufs et larves de parasites et sont, de plus, sources de refus. La faune insectivore s’appauvrit également, faute de proies faciles. Sans prédateurs et sans compétition pour les matières fécales, la population d’insectes nuisibles progresse, quant à elle, en conséquence.
Enfin, les prés criblés de déjections offrent une surface réellement pâturable insidieusement diminuée. Indirectement, la pression parasitaire dans l’environnement augmente.
Vers une vermifugation raisonnée des bovins
L’ARSIA propose depuis quelques années un plan de suivi parasitaire. Sur base de quelques échantillons de sang et de matières fécales prélevés lors de la rentrée à l’étable, il permet d’estimer :
- Chez les veaux de première année de pâturage, l’intensité du contact avec les strongles ;
- La nécessité de les vermifuger et quel vermifuge employer ;
- Le risque du troupeau des adultes vis-à-vis des douves ;
- Comment adapter le plan parasitaire l‘année suivante afin d’optimiser pour l’animal le contact sans risque et le développement d’une immunité protectrice solide et durable vis-à-vis des strongles.
Source : Arsia


