Le souchet comestible (Cyperus esculentus L.), est de plus en plus présent dans les parcelles. Cette adventice, difficile à contrôler, peut poser des questions aux éleveurs lorsqu’elle se retrouve dans les cultures destinées à l’alimentation animale. Faut-il craindre des risques pour le bétail ? Quels sont les impacts sur la qualité du fourrage et sur la gestion du fumier ? Ce bref article fait le point sur la valeur alimentaire du souchet, ses modes de propagation et les précautions à prendre lors de la récolte et de l’ensilage.
Selon la littérature, le souchet est présent partout en Flandre, sur 5 à 10 % des parcelles. En Wallonie, les foyers sont ponctuels. Cependant, la présence de cette plante est en forte progression, surtout dans le Hainaut. Il est important de savoir qu’un agriculteur qui possède une parcelle infestée de souchet doit renoncer à cultiver sur celle-ci toute culture susceptible d’exporter de la terre. Un champs qui contient du souchet ne peut donc plus être utilisé pour emblaver des pommes de terre, betteraves, chicorées, légumes racines, plantes à bulbes, etc …
Le souchet comestible en bref
Le souchet est une adventice graminée tenace. Il se propage surtout par des particules de sol contaminées contenant des tubercules, via les machines ou l’apport de terres infectées. Les tubercules peuvent survivre plusieurs années dans le sol. Dans des conditions optimales, un seul tubercule-mère peut produire en une saison jusqu’à 80 pouces et 1 000 tubercules. Il est donc important de réagir si cette adventice est présente dans une parcelle.


Le souchet dans le fourrage
Dans plusieurs pays du sud, les agriculteurs cultivent le souchet pour récolter les tubercules destinés à l’alimentation humaine. Ceux-ci sont nutritifs : environ 5 % de protéines brutes, 30 % de matières grasses et 47 % de glucides (principalement de l’amidon). Ils contiennent aussi une large gamme de minéraux et d’oligoéléments. En réalité, la plante entière renferme plus de 60 substances chimiques présentant un potentiel pharmacologique, principalement concentrées dans les tubercules. Des extraits montrent des propriétés antioxydantes et antimicrobiennes. Aucune étude n’a rapporté d’effet toxique.
Les coproduits issus de la transformation des tubercules pour l’alimentation humaine sont souvent utilisés pour nourrir les porcs ou la volaille. Les feuilles, elles, peuvent être données au bétail, mais leur valeur nutritive est faible. Leur présence réduit donc la valeur alimentaire d’une culture fourragère. Il est recommandé d’ensiler le fourrage pour améliorer son appétence et faciliter son ingestion. Si la proportion de souchet est élevée, il faut veiller à corriger son faible taux de matière sèche et de sucres (fanage suffisant, additifs d’ensilage, mélange avec coproduits, etc.).
Propagation par les graines
Des observations récentes au champ et en laboratoire montrent que les graines jouent aussi un rôle important dans la dissémination du souchet comestible. Dans de bonnes conditions, des milliers de graines viables peuvent être produites par parcelle, constituant un réel risque de nouvelles infestations. Le souchet fleurit de juillet à octobre. Les graines se dispersent ensuite par l’eau, le vent, les animaux ou les activités agricoles (machines de récolte, fourrages, sous-produits, fumier, etc.). Les semences contaminent donc aussi les parcelles voisines et sont également un réel moyen de propagation de cette espèce invasive.
Un ensilage bien géré constitue une méthode économique pour détruire tubercules et graines de souchet. Idéalement, le silo doit rester fermé 5 mois. Le passage des tubercules et graines dans le tube digestif des bovins ne réduit pas assez leur vitalité : la majorité reste germinative après ingestion et excrétion. Il est donc préférable de composter le lisier provenant d’animaux ayant consommé du fourrage contaminé, de le digérer en conditions thermophiles ou de le stocker longtemps (plus de 4 mois) avant l’épandage. Le stockage dans le fumier solide, surtout en petits tas, n’a pratiquement aucun effet sur la vitalité des tubercules et graines.
En conclusion, si votre fourrage est contaminé par du souchet comestible, il est conseillé :
- de bien ensiler et de laisser le silo fermé plus de 5 mois avant distribution ;
- puis de stocker le lisier plus de 4 mois avant de l’épandre.
Sources : IRBAB, Rundveeloket, Fiwap et CIPF.

