L’ARSIA nous informe que deux troupeaux de la région de Florennes-Philippeville (province de Namur) ont récemment perdu leur qualification “indemne d’IBR”. Les enquêtes ont mis en évidence un lien épidémiologique indirect avec un troisième établissement de type « engraissement » situé dans la même région.
Ces deux contaminations récentes mettent en tout cas en lumière l’importance des troupeaux d’engraissement dans la problématique de l’IBR.
Enquête épidémiologique
Les deux troupeaux qui ont perdu leur qualification “indemne d’IBR” détiennent des bovins de haute valeur génétique, l’un en race BBB et l’autre en race Holstein. Le premier cas est apparu lors de prises de sang avant un concours. Le second à l’occasion des sondages de contrôles prescrits dans le cadre de l’enquête épidémiologique réalisée suite à la contamination du premier troupeau.
Dans les deux cas, une enquête épidémiologique étendue a été réalisée par l’ARSIA afin d’identifier les troupeaux ayant un lien épidémiologique direct (achats, ventes, concours, etc.) ou indirects (voisinage, visiteurs, etc.) avec les deux troupeaux recontaminés, en ce compris, les troupeaux des prairies mitoyennes. Les détenteurs ainsi que les vétérinaires des troupeaux pour lesquels un lien a été établi ont été contactés de manière individuelle par l’ARSIA afin de réaliser un sondage de contrôle qui est obligatoire.
Les enquêtes ont exclu toute infection liée aux achats, concours ou contacts avec d’autres troupeaux voisins. De même, les enquêteurs n’ont trouvé aucun lien direct entre les deux troupeaux ayant perdu leur statut indemne.
Lien avec un établissement d’engraissement
Les enquêtes révèlent un lien épidémiologique indirect avec un troisième élevage d’engraissement de la même région. Les hypothèses de transmission depuis l’établissement d’engraissement vers les deux troupeaux d’élevage retenues à ce stade sont la voie indirecte par l’intermédiaire de visiteurs communs, et pour un cas, un contact avec un bovin échappé du troupeau infecté. Cependant, les enquêteurs n’ont pas encore clôturé les enquêtes épidémiologiques ni terminé les investigations sur les voies de transmission.
L’ARSIA insiste sur le fait que le troupeau d’engraissement évoqué ci-dessus dispose d’un statut IBR “Infecté engraisseur pur” (I2-8) qui est légalement valide. Bien que la vaccination des bovins de ces troupeaux soit obligatoire, les éleveurs ne peuvent les mettre en prairie ni les déplacer, sauf pour les envoyer à l’abattoir. Ces troupeaux peuvent subir une forte circulation virale et devenir une source de contamination indirecte pour les élevages.
Faut-il vacciner préventivement ?
De nombreux détenteurs et vétérinaires de la région concernée tentent de réaliser des vaccinations “préventives”. L’ARSIA tient à attirer leur attention sur les éléments suivants :
- La vaccination est légalement incompatible avec le maintien du statut “indemne” (I4). Le recours à la vaccination entraîne automatiquement une rétrogradation de la qualification IBR du troupeau vers le statut “Assaini” (I3) ce qui, outre les limitations commerciales, implique la réalisation d’un bilan annuel de maintien au lieu d’un tirage au sort.
- La vaccination n’empêche pas l’infection du troupeau. Elle limite même parfois décevamment la diffusion du virus, surtout lorsque les éleveurs la réalisent de manière ponctuelle dans une réaction de panique.
- La meilleure mesure de protection pour une exploitation indemne est la mise en place de diverses mesures de biosécurité telles que la mise en quarantaine des animaux introduits, l’aménagement d’un local destiné à héberger les animaux mis en vente et/ou prêts à être chargés, la limitation des contacts entre les visiteurs et les animaux, la mise à disposition des visiteurs de bottes, de survêtements et de matériel spécifique à l’exploitation.
Les rôles des troupeaux d’engraissement
Ces deux contaminations récentes mettent en tout cas en lumière l’importance des troupeaux d’engraissement dans la problématique de l’IBR. Cela illustre aussi la nécessité, pour finaliser la lutte, d’amener ces troupeaux vers la qualification “indemne d’IBR”. Les modalités et les échéances d’acquisition d’un tel statut pour les troupeaux dits “non conventionnels” font l’objet d’intenses discussions au sein du groupe de travail IBR fédéral. Pour le moment, les experts n’ont pu dégager aucun consensus, faute de garanties sanitaires suffisantes pour les mouvements de bovins.
En l’absence d’évolution à ce niveau, l’ARSIA craint que d’autres éleveurs connaissent un épisode de contamination par l’IBR dans les mois et années à venir.
Texte : ARSIA · Illustration : Antoine Van Houtte