Grâce à une météo clémente dès le début du printemps, bon nombre de betteraves ont été semées tôt cette année. D’ailleurs, le contraste avec l’année dernière, très humide et où les semis ont été (très) tardifs, est assez saisissant. Nous nous sommes interrogés sur l’impact de cette situation et ses conséquences sur le désherbage et la sensibilité aux maladies de la culture dans le contexte particulier de cette année 2025.
La cercosporiose et ses conséquences
La cercosporiose est causée par le champignon Cercospora beticola. Elle est caractérisée par des cycles répétés de contamination et de dissémination. Cette maladie fongique foliaire estivale peut apparaître dès le mois de juin. Elle cause de plus en plus fréquemment des problèmes dans la culture en raison de la particularité de son cycle reproductif.
Son développement suit un processus polycyclique. La chaîne de cycles d’infections peut être ininterrompue pendant l’été si les conditions sont favorables : une température comprise entre 27 °C et 32 °C ainsi qu’une humidité relative à la surface des feuilles supérieure à 90 % pendant 5 à 8 heures. Les conditions chaudes et humides rencontrées en 2024 ont donc été très propices au développement de cette pathologie, qui a également provoqué une pression précoce de la maladie.
Cette phytopathologie se développe sous la forme de petites taches arrondies grisâtres et déprimées. Quand la maladie est fortement présente dans la parcelle, la mortalité des feuilles peut donner un aspect de ‘champ brûlé’. La destruction du bouquet foliaire induit une repousse de feuilles. Cette pathologie peut provoquer une importante perte de rendement et de richesse des betteraves.
“Cette année, comme les betteraves ont été semées tôt, elles auront également des feuilles physiologiquement vieilles plus tôt dans la saison. Le risque de maladies foliaires est donc attendu dès la première quinzaine de juillet. Il est important de traiter contre la cercosporiose tôt même si la variété implantée est une CR+, tolérante à la cercosporiose. Il vaut mieux économiser sur les traitements plus tard en septembre que sur les premiers qui peuvent fortement pénaliser le rendement” conseille Romuald Lust, technicien agronome chez Betaseed.
À ce jour, l’IRBAB nous informe d’ailleurs que les premières taches de cercosporiose ont déjà été observées. De plus, quelques spots de rouille ont également déjà été repérés dans certains champs.
Un désherbage difficile qui ouvre la voie aux variétés tolérantes
Concernant les variétés implantées, on note une forte progression des variétés de betteraves sucrières tolérantes aux sulfonylurées. “Cette année, 20 % de betteraves Conviso® Smart ont été implantées. Suite aux désherbages compliqués rencontrés cette année, cette proportion va sûrement augmenter en 2026. En effet, avec un système FAR classique, jusqu’à 5 désherbages chimiques ont été nécessaires. Il a donc été difficile d’avoir des betteraves classiques propres”, nous a expliqué Romuald Lust.
Texte et iIllustrations : Antoine Van Houtte