Portée par la demande de l’industrie de transformation, la culture de la pomme de terre s’est fortement développée ces dernières années. Les constructeurs de matériels ont ajusté leurs capacités pour répondre à cette dynamique. Malgré un contexte actuellement plus tendu, faisons le point sur les solutions techniques les plus utilisées pour conduire efficacement cette culture.
Plantation
Une extension des surfaces de culture peut se traduire par un allongement du temps consacré aux travaux de plantation. Cependant, les conditions météorologiques imprévisibles des derniers printemps ont montré les limites de cette stratégie : lorsque les plantations s’étendent jusqu’à fin mai ou début juin, la viabilité agronomique en souffre. C’est pourquoi de nombreuses exploitations passent des planteuses portées aux planteuses traînées.
Ces dernières disposent non seulement de trémies plus grandes, mais permettent aussi de combiner plus facilement plusieurs opérations, comme la préparation du lit de semences, la fertilisation sous le sillon et la formation finale des buttes.
Avec un écartement de 0,75 m entre les rangs, les planteuses à quatre rangs dominent le marché, car elles restent compatibles avec la circulation routière. Le passage aux modèles à six ou huit rangs s’effectue généralement grâce à des unités extérieures rabattables, alimentées depuis une trémie centrale par des courroies d’alimentation contrôlées.
Un sujet clé de développement reste la forme idéale de la butte, que ce soit lors de la plantation ou lors des opérations ultérieures de buttage ou de binage. Les constructeurs proposent désormais une large gamme d’éléments fixes ou rotatifs permettant de répondre aux besoins variés des agriculteurs — de buttes fermes et lisses à des structures plus ouvertes et poreuses, voire bombées ou à crêtes larges. Ces éléments peuvent être remplacés en bloc ou réglés individuellement grâce à des dispositifs de moulage ajustables.
Entretien des cultures
Après le refus de l’Union européenne de prolonger l’autorisation du métribuzine, substance active jusqu’alors largement utilisée en culture de pommes de terre, le désherbage chimique, notamment en post-levée, devient beaucoup plus difficile. Le recours à des méthodes mécaniques comporte toutefois un risque accru d’endommagement des racines et des stolons, ce qui peut nuire à la croissance. De plus, la diversité des formes de buttes complique encore l’adaptation des outils de culture, qui doivent être flexibles pour entretenir les buttes tout en limitant les dommages aux plantes.
C’est sans doute une des raisons pour lesquelles l’innovation dans la culture mécanique de la pomme de terre progresse plus lentement que dans d’autres cultures en rangs comme la betterave sucrière ou les légumes. Les distances de plantation variables compliquent aussi le binage entre les plants. L’utilisation de signaux RTK lors de la plantation facilite le positionnement des outils mécaniques plus larges que la planteuse, mais les systèmes à guidage individuel restent utiles pour suivre les variations latérales et de hauteur des buttes.
Certaines pratiques agronomiques peuvent également contribuer à réduire la pression des adventices : un bon pouvoir germinatif du plant, un espacement modéré entre les rangs et le choix de variétés à feuillage couvrant rapidement le sol. Les mauvaises herbes qui lèvent avant la culture sont particulièrement compétitives et influencent la pression ultérieure. Les méthodes de désherbage physique avant récolte peuvent réduire les repousses, mais leur efficacité reste inférieure à celle d’un traitement chimique. En pratique, les exploitations combinent de plus en plus les approches mécaniques et chimiques.
Récolte
Avec l’augmentation des surfaces cultivées, la pression temporelle pendant la récolte s’intensifie, d’autant que la météo raccourcit souvent la fenêtre de récolte. Plus les tubercules restent longtemps en terre après la destruction du feuillage, plus le risque de maladies et d’infestations augmente. Face à cela, la part de marché des arracheuses à trémie double rangs progresse fortement, remplaçant les machines monorangs dans de nombreuses régions d’Allemagne.
En Belgique, c’est surtout les arracheuses automotrices à quatre rangs qui ont la côte. En Allemagne, elles restent rare, car leur largeur excessive (écartement 0,90 m) rend leur transport routier difficile en Allemagne.
Triage et stockage
Le manque de main-d’œuvre pour le tri est compensé par une automatisation croissante des lignes de stockage. Les systèmes optoélectroniques, physiques ou pneumatiques détectent et éliminent les corps étrangers et les tubercules endommagés. Les débris végétaux (feuilles, tiges) posent cependant un problème croissant : ils s’enchevêtrent dans les machines et nuisent à leur fonctionnement. Les séparateurs à doigts en caoutchouc inclinés sont courants, mais augmentent le risque de blessure des tubercules selon l’intensité du tri.
Les trieuses optiques sont désormais la norme pour les pommes de terre lavées, mais leur adoption reste plus lente pour les pommes de terre non lavées. Les modèles horizontaux classiques ne permettent souvent que trois catégories de tri (taille ou qualité), ce qui limite leur polyvalence. Les systèmes à sorties multiples, plus performants, restent coûteux.
Les progrès technologiques — caméras améliorées, processeurs rapides et logiciels plus puissants — renforcent la détection des défauts, mais les machines doivent encore être optimisées pour une utilisation continue avec des tubercules terreux, la poussière et l’usure causant des pannes inattendues.
Conservation
La demande croissante d’un approvisionnement annuel en pommes de terre locales entraîne un allongement des durées de stockage, nécessitant une plus grande indépendance vis-à-vis des conditions extérieures. Cela se traduit par une généralisation des systèmes de ventilation forcée et un recours accru au refroidissement mécanique. L’air pulsé à travers les tubercules améliore l’échange thermique, permettant un contrôle plus rapide et ciblé des conditions et une réduction notable de la consommation d’énergie — un atout dans un contexte de durabilité accrue.
Les systèmes de refroidissement au propane, plus respectueux de l’environnement, gagnent en popularité. En parallèle, les composants techniques et les systèmes de contrôle sont optimisés pour accroître l’efficacité énergétique globale.
Texte : Dr Rolf Peters (DLG)

