Lorsque nous avons contacté l’entreprise forestière Clarysse – De Wilde, c’est Mathieu Clarysse qui nous a répondu. Avec son frère Michiel, il dirige cette entreprise familiale. Ils emploient environ huit personnes. L’entreprise est spécialisée dans l’exploitation forestière, l’abattage d’arbres et la gestion des forêts, et elle loue aussi des machines, avec ou sans chauffeur. Dans cet article, ils nous parlent de la sécurité en forêt.
Située à Waasmunster (Flandre-Orientale), sa zone d’activité s’étend sur la Belgique, les Pays-Bas et le nord de la France. Mathieu nous a envoyés sur un chantier où nous avons vu Wouter et Baptiste au travail. Ils forment une équipe : l’un est conducteur d’engins, l’autre est bûcheron. Wouter est un employé fixe, tandis que Baptiste est travailleur indépendant.
Wouter et Baptiste travaillent à l’exploitation de peupliers qu’ils extraient d’une forêt pour le compte de Natuurpunt. La machine Case utilisée par Wouter est équipée d’une pince. « Nous avons aussi des têtes de coupe et tout l’équipement pour la taille. Ce que nous faisons ici est juste à la limite de ce qui est faisable. Les arbres fins avec des cimes mortes sont généralement coupés pour des raisons de sécurité. »
Bonne communication
La sécurité est la priorité numéro un chez Clarysse – De Wilde. « Aucun bûcheron ne va en forêt sans casque », affirme Wouter. « Les équipements de protection individuelle sont obligatoires et relèvent de la responsabilité de chacun, mais les collègues se surveillent aussi mutuellement. Je ne travaillerai jamais avec un bûcheron qui n’a pas de casque. Si je place ma pince en haut d’un arbre et qu’une petite branche tombe, elle peut causer de graves conséquences en tombant sur la tête. »
Baptiste ajoute : « On se comprend généralement bien, mais il faut pouvoir bien communiquer, sinon ça finit mal. Pour moi, un bon conducteur de grue en forêt, c’est quelqu’un qui ne fait pas de mouvements dangereux autour de moi avec sa pince. Quelqu’un qui sait quand attraper certaines branches et qui veille aussi à ma sécurité. Il faut que ce soit quelqu’un qui maîtrise bien la grue, car on peut facilement mettre une forte tension sur un arbre sans s’en rendre compte. Depuis la cabine, on ne voit rien, mais au sol, on le sent tout de suite. »
Selon Wouter, il y a une fine limite entre faire quelque chose avec la grue que les autres ne peuvent pas faire, et faire une erreur. « Au fil de ta carrière, tu accumules de l’expérience, et évidemment, des choses tournent parfois mal, c’est inévitable. » Baptiste est donc heureux que Wouter soit un opérateur calme, qui ne prend pas de risques inutiles.
Le danger vient parfois même du sol
Travailler avec une tronçonneuse n’est pas de tout repos. C’est un travail dangereux et physique. « Il faut toujours rester très attentif à ce qui se passe autour, surtout aux branches qui tombent. Le danger peut littéralement venir de tous les côtés, parfois même du sol. Une fois, un arbre tombé et entièrement recouvert par la végétation n’était pas visible. Quand Wouter a posé sa pince au sol, l’arbre s’est soulevé à trente mètres de là. C’est là qu’on réalise qu’il faut toujours rester sur ses gardes. »
Un autre aspect de la sécurité concerne l’entretien de la grue. « Il y a surtout les branches et petits morceaux de bois qui s’incrustent partout. Une grosse branche tombe, on lève et abaisse cinq fois le bras de la grue, et on se retrouve avec plein de petits morceaux. Ils tombent dans l’huile et forment un terrain idéal pour un feu. C’est pourquoi je fais régulièrement le tour de la machine pour en retirer un maximum. À l’atelier, la machine est soigneusement nettoyée et inspectée. »
Plus de respect
Wouter travaille dans ce secteur depuis près de vingt ans. Il a vu une grande évolution au niveau des machines. « Avant, on broyait avec une petite machine ; aujourd’hui, on peut broyer un tronc entier. » Malgré les machines plus grandes, on prête aujourd’hui bien plus attention à la préservation du sol. « Tout est devenu beaucoup plus écologique. Avant, on entrait en forêt avec un débardeur et tout était ravagé. Maintenant, nous avons des machines à faible pression au sol et à chenilles plus larges. »
Mais Wouter constate une évolution négative dans le regard que portent les gens sur les travailleurs forestiers. « On se fait souvent insulter. Aujourd’hui, l’écologie est dans tous les esprits. Tout le monde veut vivre dans une maison en bois, mais personne n’accepte qu’on coupe un arbre. Pour eux, une planche ne vient pas d’un arbre, mais d’un magasin. Mais nous, on ne fait que notre métier. On devient utiles uniquement quand un arbre tombe sur une maison. S’ils passent par ici, ils trouvent scandaleux qu’on coupe tout. On n’y prête plus attention, ce sont des discussions qu’on ne peut pas gagner. Mais ce manque de respect, il fait mal. »
Texte et illustration : Seppe Deckx