La gamme d’escourgeon hybride Hyvido® développée par Syngenta est sur le marché depuis 15 ans. Cette gamme vient de s’étendre avec Hyvido®Neo, les nouveaux orges hybrides résistants aux virus responsables de la jaunisse nanisante de l’orge (JNO). Alors que certaines variétés sont tolérantes à la JNO et offrent une protection limitée, un traitement insecticide n’est pas nécessaire avec les nouvelles variétés résistantes à la JNO de Syngenta, une première sur le marché.
Les cultivars Hyvido®Neo sont dotés du gène de résistance Yd4 qui protège la plante des morsures des vecteurs de la jaunisse nanisante de l’orge, tout en augmentant les difficultés de pénétration des vecteurs dans la plante. Pour la saison 2026, trois variétés d’orges hybrides résistants seront mises sur le marché : SY Zoomba, SY Kestrel et SY Sparoo.
La jaunisse nanisante de l’orge
La jaunisse nanisante de l’orge ou JNO est une maladie provoquée par des virus (BYDV-Pav, NYDV-Mav et CYDV-Rpv). Ces derniers peuvent être transmis à l’orge via des vecteurs qui sont des pucerons (Rhopalosiphum padi et Sitobion avenae). Ces pucerons sont présents durant l’automne et c’est justement depuis la levée jusqu’au stade 3 feuilles que la contamination est la plus préjudiciable. Cette phytopathologie provoque un jaunissement des pointes des feuilles avec parfois du rougissement au niveau des jeunes feuilles. Les plantes atteintes peuvent également présenter un nanisme, un aspect moutonné, et un dessèchement en cas d’attaque sévère. Lors de l’épiaison, une couleur lie de vin/jaune de la dernière feuille peut apparaître. Il est également possible d’observer un ‘tassement’ des plantes.
Cette maladie peut surtout être préjudiciable lors de semis précoces ainsi que lors d’automne doux. Les repousses de céréales ainsi que les graminées sauvages sur la parcelle ou dans l’environnement proche sont souvent des réservoirs de la maladie. Les virus responsables de la JNO peuvent être présents chaque année, mais leur fréquence varie de manière interannuelle.
Les cicadelles Psammotettix alienus sont vectrices du virus WDV responsable de la maladie des pieds chétifs. Elle est surtout rencontrée en France, en automne, dès la levée de la céréale. Cela provoque des symptômes de plantes chétives, induit un tallage réduit et le nanisme de l’escourgeon. De fortes présences de cicadelles virulifères peuvent entraîner des disparitions de pieds en début d’hiver. Les orges Hyvido® Neo sont tolérants au WDV (alors qu’ils sont résistants à la JNO).
La résistance grâce au gène Yd4
Les variétés tolérantes ne montrent que peu ou pas de symptômes visibles en cas d’infection à la JNO. Cependant, les plantes contiennent quand même des virus et présentent un risque pour la propagation de la maladie aux cultures adjacentes. De plus, elles doivent encore être traitées avec un insecticide si la pression en pucerons est élevée.
Les variétés résistantes de Syngenta ont le gène Yd4. Avec ces dernières, la quantité de virus dans la plante est quasi nulle. La propagation aux plantes adjacentes reste fortement limitée.
Un orge à 6 rangs hybride
On définit un hybride comme le descendant de lignées parentales génétiquement éloignées les unes des autres. Les hybrides présentent les avantages des lignées parentales et sont souvent plus robustes et plus sains avec un potentiel de rendement supérieur aux lignées pures, également appelées variétés conventionnelles.
Parmis les avantages des variétés hybrides, citons notamment :
- Une meilleure homogénéité du rendement dans les parcelles hétérogènes ou en situation de stress hydrique. Syngenta annonce que les orges hybrides peuvent avoir un rendement jusqu’à 10 % supplémentaire par rapport aux lignées ;
- Un développement plus important du système racinaire, ce qui confère une meilleure résistance à la sécheresse et une meilleure utilisation des éléments nutritifs, dont l’azote. “Si la fertilisation azotée est moindre, la perte de rendement est plus limitée que celle observée avec des lignées”, a déclaré Catherine Van Beckhoven, Key Account Manager chez Syngenta ;
- Une meilleure tolérance aux maladies, qui offre une plus grande flexibilité d’application des fongicides ;
- Une meilleure résistance à la verse ;
- Un meilleur tallage, avec une céréale qui a tendance à étouffer les adventices. Cela est particulièrement intéressant dans les situations où du vulpin résistant est présent sur la parcelle ;
- Une biomasse aérienne plus élevée améliore le rendement en paille, atteignant jusqu’à 1,3 t/ha. “Dans certaines situations, la paille supplémentaire obtenue pourrait permettre de payer le surcoût des semences qui est d’environ 50 €/ha”, nous a expliqué Catherine Van Beckhoven.
Une culture intéressante à intégrer dans les rotations
“Implanter un escourgeon hybride peut aussi permettre d’introduire une nouvelle culture dans la rotation, surtout dans certaines régions qui cultivent blé sur blé”. De plus, cela peut être un avantage pour étaler les travaux dans l’année. Au moment des moissons, cela évite d’avoir toutes les céréales à récolter en même temps. En outre, la récolte plus précoce que celle du froment offre la possibilité de semer un engrais vert plus tôt dans la saison.
Enfin, on peut semer l’escourgeon hybride Hyvido® plus tardivement, ce qui améliore la flexibilité de la période de semis. “Il est possible de semer jusqu’à fin octobre sans perte significative de rendement. On peut donc semer après une récolte hâtive de betteraves ou de maïs” souligne notre interlocutrice. Enfin, le désherbage chimique d’un orge doit se réaliser plus tôt que celui d’un froment. Il se réalise souvent dans des meilleures conditions de praticabilité du sol et avec des fenêtres d’intervention plus longues.
Texte et illustrations : Antoine Van Houtte