Les basses dans les champs peuvent se remplir d’eau lors des périodes humides et provoquer une asphyxie des cultures qui se solde souvent par une perte de rendement, voire même la disparition des plantes cultivées. Il est fréquent qu’y ait un point bas au centre des parcelles ou qu’il y ait une bosse dans les fourrières, juste avant un fossé. Dans ce contexte, le nivellement des terres agricoles a pour but de modifier leur topographie pour permettre un bon écoulement de l’eau.
Nous avons rencontré Evelien Hillewaere qui propose des prestations de nivellement depuis maintenant 9 ans. Les principaux clients de cette entreprise basée à Merkem, en Flandre Occidentale, sont des agriculteurs : “Le travail est effectué à 95 % sur des terres agricoles et à 5 % sur des terrains industriels”.
Un récepteur GPS sur la lame pour connaître l’altitude
En pratique, le travail commence souvent avant même de monter dans la cabine du tracteur. “En fait, il est recommandé de créer une carte précise à l’avance, en mesurant la parcelle avec le Polaris Ranger. Cette mule est équipée du même système GPS que le tracteur. Avec cet engin, nous parcourons la parcelle à niveler tous les 5 à 8 mètres afin d’obtenir une bonne vue d’ensemble du terrain”. Ces données sont ensuite utilisées pour créer une carte de ‘cut and fill’ (couper et remblayer), qui peut ensuite être importée dans le GPS du tracteur. “Une fois sur la parcelle, on peut alors commencer immédiatement les travaux”.
Le Polaris est léger, et le travail peut être préparé à l’avance, même en hiver, lorsque le sol est encore trop humide pour être nivelé. “L’utilisation du programme Optisurface est une très bonne chose, car il permet de discuter avec l’agriculteur des zones où il est possible d’enlever ou d’ajouter de la terre afin d’obtenir la ‘parcelle parfaite’. Cela améliore le confort et l’efficacité du service. Cependant, ce programme a un coût : on paie des crédits par parcelle pour l’utiliser. Et pour les parcelles de moins de 3 hectares, c’est un peu plus cher, car un tarif forfaitaire s’applique en dessous de cette taille”.
Le propriétaire peut toujours choisir une autre méthode de travail : dans ce cas, la parcelle est examinée et nivelée sans plan, en plaçant des points directement sur le terrain. “Dans les deux cas, on veille toujours à préserver une bonne couche arable, ce qui est également très important et nécessaire. Je recommande vivement de travailler avec le programme informatique… Une fois que la parcelle est cartographiée, les futurs travaux peuvent se faire plus facilement. Par exemple, en cas de conditions de récolte humides ayant causé des dégâts à la parcelle, celle-ci peut être remise dans son état initial simplement en chargeant la carte”, explique Evelien Hillewaere.
Une activité complémentaire
Evelien Hillewaere est issue d’une famille d’agriculteur. Atteinte de mucoviscidose, il lui était malheureusement impossible de reprendre la ferme de ses parents. Passionnée d’agriculture, elle a donc travaillé pendant 12,5 ans chez un entrepreneur agricole. Souhaitant avoir sa propre activité, elle a débuté les travaux de nivellement en 2016. Cette activité lui permet de ne pas mettre en péril sa santé tout en restant active dans le monde agricole. “Le désavantage, c’est qu’on ne sait jamais à quelle heure on va finir quand on commence. Il est quasiment impossible de prévoir l’ampleur du travail à l’avance. C’est donc difficile de demander à un employé d’effectuer cette tâche et c’est une raison pour laquelle il est plus aisé de rouler soi-même avec la lame niveleuse”. C’est surtout quand les champs sont nus au printemps et après la moisson qu’Evelien est sollicitée par ses clients : “En hiver, il y a trop d’eau dans les sols”.
Une lame fabriquée sur mesure
La lame de nivellement a été conçue sur mesure par l’entreprise Verhoest Marc BVBA. “Cette entreprise est surtout spécialisée dans les légumes, mais elle peut aussi fabriquer du matériel sur demande. Par exemple, il est important que la lame ait une forme arrondie pour permettre à la terre de rouler sur elle-même, ce qui facilite les efforts de traction. La construction est également réalisée sur mesure avec les dimensions que je souhaite. Ainsi, la lame est parfaitement adaptée à un tracteur d’une puissance de 260 ch” nous a expliqué l’entrepreneuse.
Un tracteur Fendt personnalisé
La ferme familiale est labélisée John Deere mais Evelien a fait le choix de la marque Fendt. “C’est une bonne marque qui était aussi utilisée au sein de l’entreprise agricole où je travaillais. J’ai choisi un 826 qui pèse 9,5 t. C’est assez lourd pour le travail de nivellement et ce n’est pas trop lourd pour pouvoir aussi être utilisé à la ferme. Après plusieurs années d’utilisation, on peut plus facilement l’utiliser pour des activités agricoles qu’une série 900 ou 1000”. Le Fendt 826 est équipé du système de télégonflage VarioGrip : “Ça permet une meilleure traction. Par exemple, quand il y a 1,8 bar dans les pneus, l’adhérence n’est pas bonne. Si je descends la pression à 0,6 bar, c’est totalement différent. Là, le tracteur ne patine pas”. De plus, le Fendt d’Evelien est personnalisé avec des stickers et des phares : “C’est la touche finale. De cette manière, mon tracteur est unique. Quand on le voit, on sait que c’est le mien”.
Texte : Antoine Van Houtte · Illustrations : Antoine Van Houtte et Evelien Hillewaere