Le désherbage des chicorées est reconnu pour être assez compliqué et a récemment connu des changements, suite au retrait du Bonalan (benfluraline). L’année 2025 est également la première où toutes les variétés semées sont tolérantes aux sulfonylurées. Néanmoins, la mise en œuvre dans des bonnes conditions des nouveaux schémas de désherbage conseillés a, dans de nombreux cas, permis de maintenir une culture propre. Nous avons eu l’occasion de visiter les essais de désherbage menés par Cosucra et par l’IRBAB.
Une nouvelle fois, le mot d’ordre est que l’incorporation du Boa (penoxsulame) en pré-semis permet de limiter les adventices dès le départ et est essentielle pour obtenir une parcelle propre. Néanmoins, affiner le schéma de désherbage reste un sujet d’étude. Ainsi, d’autres molécules complémentaires sont également testées pour essayer d’améliorer encore la réussite du désherbage. Sans oublier que les essais portent aussi sur de nouveaux herbicides de post-émergence. Enfin, nous nous sommes rendus aux Pays-Bas pour découvrir un nouveau robot de pulvérisation localisée ainsi qu’un outil de désherbage mécanique qui ont fait leur preuve en culture de chicorées.
L’incorporation est la base d’un désherbage réussi
Nous avons visité un essai de désherbage mené par l’IRBAB. Il en ressort qu’il est pratiquement impossible de lutter efficacement contre les adventices sans incorporer un herbicide en pré-semis. L’incorporation est donc très importante, surtout quand il y a peu d’eau après le semis.
Une pluviométrie importante a marqué les essais de l’année dernière. Les fortes quantités d’eau ont eu pour conséquence de donner une très bonne efficacité aux désherbages de post-émergence et ont même gommé les effets de molécules testées en incorporation de pré-semis. Cette année, la situation est totalement différente car lors de notre passage sur la plateforme d’essai de Cosucra située à Pottes, il n’y a eu que 48 mm de précipitations depuis le semis. Dans cette situation, il a été capital d’incorporer les herbicides dans une terre fraîche pour permettre leur efficacité.
Chez Cosucra, un essai de désherbage sans post-émergence montre que grâce à l’incorporation de 375 ml de Boa, le contrôle des adventices, et en particulier du chénopode, est très bon et que les parcelles restent propres, même 3 mois après le semis. Les avantages de l’incorporation en pré-semis ont donc pu pleinement se vérifier cette année. L’occasion pour Cosucra de rappeler que la base d’un bon désherbage est l’incorporation d’un herbicide en pré-semis.
Des recherches en cours pour affiner et compléter le pré-semis
L’IRBAB et Cosucra testent le Boa en association avec un autre herbicide en pré-semis. Le but est de réduire la dose de Boa (penoxsulame) et d’améliorer l’efficacité du désherbage grâce à la complémentarité avec un autre herbicide. Ainsi, Cosucra essaie de trouver un herbicide n’appartenant pas à la famille des sulfonylurées qui serait un bon partenaire au Boa. Celui-ci permettrait donc de lutter contre certaines adventices dont certaines ont déjà développé une résistance à la famille chimique des sulfonylurées. Au sein des parcelles expérimentales, certaines combinaisons testées ont permis un très bon contrôle des adventices. Bien que les dosages optimaux doivent encore être affinés, la combinaison du Boa avec deux autres herbicides offre un résultat très satisfaisant. Les autorités doivent encore accorder les autorisations d’application de ces herbicides en pré-semis. Cependant, l’entreprise Warquinoise espère pouvoir conseiller une nouvelle association pour la campagne 2026.
Les essais ont aussi pour objectif de déterminer la dose optimale de Boa à appliquer. Il s’avère que sous les 300 ml/ha, le contrôle des adventices s’avère insuffisant. À la dose pleine de 375 ml/ha, le contrôle est très bon. Il semble donc que la dose optimale pour permettre un désherbage satisfaisant soit comprise entre 300 et 375 ml/ha. Des expérimentations menées par les ingénieurs agronomes de Cosucra permettront d’affiner le dosage qui sera conseillé pour la prochaine campagne.
Post-émergence
Des chercheurs mènent également des expérimentations de désherbage de post-émergence. Cette année encore, Cosucra a identifié 4 herbicides ayant potentiellement un intérêt pour désherber les chicorées en post-émergence. Des demandes d’autorisations et des tests complémentaires doivent encore avoir lieu pour déterminer l’intérêt de ces produits. D’une manière générale, il reste important d’intervenir tôt, dès les premiers stades de levée en modulant les post-émergence en fonction des conditions météorologiques et du développement des adventices.
Une bineuse intelligente qui travaille entre les chicorées
Lors d’une démonstration aux Pays-Bas, Agri Bio-Solutions a présenté la nouvelle bineuse Ullmanna qui utilise une caméra avec reconnaissance par IA. Le système reconnaît la chicorée et élimine les autres plantes. Il permet aussi de travailler dans la ligne, entre les chicorées. Lors de la démonstration, les opérateurs ont réglé la machine en mode sécurité, où elle évite de biner en cas de doute. “Nous avons parcouru la parcelle la semaine dernière pour entraîner le système sur ce type de sol”, explique Martin Heerema. “Les mises à jour logicielles arrivent instantanément via une connexion directe à l’usine”. La bineuse Ullmanna peut enlever jusqu’à trois mauvaises herbes par seconde, même de nuit ou en cas de poussière, avec une vitesse de 1,5 à 6 km/h. L’Ullmanna utilise de l’air comprimé et les utilisateurs la pilotent grâce à une application mobile.
Un robot norvégien entraîné pour la chicorée
Nous avons également découvert le Kilter AX-1 au travail dans une parcelle néerlandaise de chicorées. Il s’agit d’un robot autonome fonctionnant avec le GPS et des cartes de semis et de culture. Des caméras à LED analysent le champ et la machine décide en temps réel de traiter ou non. La précision du robot qui ne pèse que 260 kg est de 6 mm². Selon le constructeur, il permet de réduire jusqu’à 95 % l’application des herbicides.
En Scandinavie, les producteurs utilisent déjà ce robot originaire de Norvège pour une vingtaine de cultures de légumes de plein champ. Aux Pays-Bas, les ingénieurs forment actuellement le robot pour la chicorée et le céleri-rave. L’objectif est de garantir la qualité et l’uniformité, tout en réduisant l’usage de produits chimiques et en préservant la croissance des cultures.
Le constructeur propose cette machine en deux dimensions :
- Large : 1,60 m de largeur de travail, 2 m d’écartement des roues, 6 caméras ;
- Petite : 1,30 m, 5 caméras.
Conclusion
En conclusion, que ce soit en Belgique ou aux Pays-Bas, de nombreuses recherches sont en cours pour mettre au point des solutions performantes et innovantes de désherbage des chicorées. En effet, cette culture peu gourmande en intrants et qui résiste bien aux épisodes de sécheresse garde tout son intérêt dans nos rotations.
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Texte et illustrations : Antoine Van Houtte et Kim Sjoers