Dans la zone portuaire d’Anvers se trouve Hooge Maey, un site d’enfouissement de cent hectares. Au fil des années, celui-ci a été reconverti en zone d’exploitation énergétique. L’objectif : assainir et exploiter durablement cette décharge tout en minimisant les risques pour l’environnement.
Les déchets enfouis ont été recouverts d’une bâche, puis d’une couche de terre d’un mètre d’épaisseur. Quatre turbines à gaz y captaient le méthane produit par la montagne de déchets. Aujourd’hui, le gisement de gaz s’épuise peu à peu, et seules deux turbines sont encore en activité. L’entretien de la végétation sur les talus est assuré par Alplant NV.
Plusieurs facteurs à prendre en compte
Chez Alplant, Peter Van Rossem est responsable de la direction quotidienne des équipes de fauchage. Il nous emmène sur le site de Hooge Maey pour nous donner un aperçu du travail réalisé. « Nous venons ici depuis des années, selon un planning établi à l’avance. Les techniciens doivent pouvoir effectuer des mesures à certains endroits du talus, ils doivent donc pouvoir y accéder. Cela implique que le travail doit être fait, même lorsque les conditions ne sont pas idéales », explique-t-il.
Lorsqu’on travaille sur des talus, plusieurs facteurs doivent être pris en compte. « Quand le sol est sablonneux, en général, ça se passe bien », précise Van Rossem. « Mais s’il est graveleux, il est impossible d’y rester, même avec un robot, car on n’a aucune adhérence. Pour une végétation classique, en conditions sèches, il n’y a pas de problème. On peut alors tondre avec un tracteur sur une pente de 30 à 35 %. Si la pente est plus raide, on utilise un robot. Nous en avons à chenilles classiques, mais aussi équipés de crampons. Quand c’est humide, le sol devient glissant, et il faut alors bien évaluer ce qui est faisable. »

Tracteur ou robot
Le tracteur actuellement utilisé pour la tonte des talus est un Steyr Profi 6145 CVT. « C’est un tracteur assez grand. Ici, en plus des talus, il y a de nombreuses zones plates, et ce modèle permet d’atteler deux broyeurs à fléaux pour augmenter la capacité. Il est actuellement équipé d’un broyeur Kuhn BPR 280 à l’avant et d’un broyeur Votex à l’arrière. Par temps humide, nous utilisons plutôt un tracteur de 110 ch, lesté à l’avant. Sans ce poids, il n’y a pas de direction. De plus, ce tracteur est plus bas, ce qui lui confère une meilleure stabilité et limite le risque de glissade. »
Le 6145 est ici monté avec une roue jumelée d’un seul côté. « Selon la situation, nous roulons sans roues jumelées, avec une roue jumelée ou avec deux. C’est toujours un compromis entre la stabilité et les dégâts au sol. On veut éviter d’abîmer trop d’herbe, mais la sécurité reste la priorité absolue. »
Alplant possède aussi plusieurs robots dans sa flotte de machines. Sur le site de Hooge Maey, nous voyons un Green Climber à l’œuvre. Ce robot télécommandé est équipé de crampons et de chenilles dont la largeur peut être ajustée pour une meilleure stabilité.

La sécurité avant tout
Sur ce point, Van Rossem est clair : « Nous savons ce qui est possible et ce qui ne l’est pas. Nous connaissons les capacités de nos tracteurs et leurs limites selon la météo. On ne commence jamais en haut du talus, car si ça ne passe pas, on dérape vers le bas. On débute toujours en bas, et on sent rapidement si c’est faisable. Parfois, je demande à un conducteur d’essayer un petit bout. Si ce n’est pas sûr, on opte pour le robot. »

Ne pas relever le broyeur n’importe quand
Luc, chauffeur indépendant chez Alplant depuis 25 ans, adore travailler sur les talus. Nous l’accompagnons sur une pente d’environ 30 %. Il nous confie que la sécurité dépend beaucoup du conducteur lui-même : « Il faut réfléchir au sens de conduite et à la répartition du poids. On travaille avec une faucheuse arrière : lorsqu’elle est abaissée, le poids est sur l’arrière droit. Il faut toujours penser qu’on ne peut pas relever la machine n’importe comment. J’ai des années d’expérience, mais il faut toujours garder la tête froide ».
« Certains me prennent pour un fou, mais j’adore ce travail et je pourrais le faire encore des années. Je ne me suis jamais renversé, même si j’ai déjà glissé sur quelques mètres. Et quand on relève la tondeuse trop vite et que les roues se soulèvent d’un côté, on pâlit un peu ! Je me souviens avoir oublié une fois d’enclencher la traction avant — on s’en rend vite compte ! Si par hasard on se retrouve vraiment coincé, il vaut mieux se faire tirer vers le haut que de prendre des risques inutiles. »

Texte et illustrations : Seppe Deckx

