Faire le choix de la bonne espèce ou du bon mélange de graminées fourragères à implanter n’est pas chose aisée. Avec le changement climatique, les agriculteurs sont de plus en plus confrontés aux alternances de longues périodes humides avec des épisodes étendus de sécheresse. Cela a récemment été le cas … L’année 2024 a été très arrosée et il n’a ensuite quasiment jamais plu au cours du printemps 2025. Les éleveurs sont donc confrontés à un défi de taille quand il s’agit de choisir des fourrages adaptés à ces conditions extrêmes tout en gardant l’objectif de produire assez de nourriture pour leur bétail.
Nous nous sommes rendus sur la vitrine de Limagrain à Kerkhove (Flandre-Occidentale) pour mieux comprendre comment choisir de manière réfléchie le type de prairie. Dans cet article, nous tentons de répondre aux questions suivantes : Quelle est la composition idéale dans ma situation ? Comment choisir le bon mélange à semer ? Quelles sont les espèces à implanter face au changement climatique ? Quel est l’intérêt des betteraves fourragères pour le bétail ?
Chaque cultivar a ses avantages et ses inconvénients
Lors de la visite des essais, nous avons vu qu’il peut y avoir des grandes différences entre plusieurs variétés de graminées prairiales, et même entre certains cultivars d’une même espèce. Ainsi, grâce à l’utilisation d’un herbomètre, nous avons pu voir que les cultivars tétraploïdes tardifs ont un meilleur rendement en matière sèche que d’autres cultivars diploïdes tardifs ainsi que d’autres cultivars plus précoces. Les cultivars tétraploïdes tardifs ont donc un intérêt important pour être utilisés en tant que prairie pâturées ou pour être utilisés lors des sur-semis.
La fétuque élevée
La fétuque élevée est, quant à elle, une espèce intéressante lors des épisodes de sécheresse ou d’excès d’eau. Elle a un intérêt pour produire du fourrage en été, car elle présente un enracinement profond. “Depuis peu, de nouveaux cultivars ayant des feuilles moins rigides et des tiges plus souples ont été introduits. Ces derniers sont plus appétentes que les fétuques qui étaient auparavant semées et qui avaient des feuilles plus dures” nous a expliqué Bruno Jennart, Sales Manager Wallonie, nord du sillon Sambre et Meuse. Le ray-grass classique garde néanmoins une meilleure qualité nutritionnelle que la fétuque élevée, mais en cas de sécheresse, les rendements observés avec du ray-gras sont moindres.
Le dactyle et la fléole
De son côté, le dactyle a des racines superficielles qui se développent moins profondément que celles de la fétuque élevée. Ce végétal a également une capacité de résistance à la sécheresse. Par contre, elle n’apprécie pas l’excès d’humidité. Cultivée seule, son rendement peut être plus important que celui du ray-grass. Souvent présente dans les mélanges, cette variété a tendance à être de plus en plus présente au fil du temps.
Enfin, la fléole résiste au froid et à la fauche et a une forte teneur en fibres. Cependant, son rendement n’est pas important et son démarrage est tardif.
Les intérêts des mélanges
Semer des mélanges a donc l’intérêt de combiner les avantages et inconvénients de différents cultivars cultivés séparément. Des tests sont menés par Limagrain pour développer des mélanges qui ont plus de rendement et une meilleure résistance à la sécheresse. D’autres recherches sont également menées pour définir la fréquence de fauche optimale qui permet d’avoir un fourrage de la meilleure qualité possible tout en ayant un rendement important.
Faire le bon choix pour une prairie temporaire
En ce qui concerne les prairies temporaires, Limagrain a mis au point un arbre de décision pour obtenir une prairie temporaire idéale selon les usages qu’on veut en faire. Le choix dépend également de la pérennité souhaitée. Ainsi, si la prairie doit rester en place moins de deux ans, un démarrage rapide est nécessaire. Pour cet usage, c’est le mélange Turbo Quattro, composé de 60 % de ray-grass d’Italie tétraploïde, de 20 % de ray-grass d’Italie diploïde, de 10 % de ray-grass hybride et de ray-grass de Westerwold qui est conseillé.
Si la prairie temporaire doit rester en place plus de deux hivers et doit être fauché ou pâturé, c’est le mélange Turbo Maraton qui est recommandé. Celui-ci est très rustique. Il contient 60 % de ray-grass d’Italie tétraploïde, 20 % de ray-grass d’Italie diploïde et 20 % de ray-grass anglais.
Enfin, dans le cas où la prairie doit rester en place plus de deux hivers et a un but de production de protéines, Limagrain recommande le Turbo Longo. Ce dernier a trois constituants : 55 % de ray-grass d’Italie tétraploïde, 30 % de ray-grass anglais et 15 % de trèfle violet permettant un apport de protéines dans le fourrage.
Limagrain propose également des mélanges de type méteil ayant pour objectif de rester en place durant un hiver sans épuiser les réserves en eau du sol. C’est le Turbo Meteil qui est alors mis en avant. Ce dernier a une bonne valeur alimentaire tout en fournissant de l’azote au sol. Cette interculture mono-coupe contient 40 % de seigle fourrager, 35 % de féverole, 15 % de vesce et 10 % de seigle d’hiver.
En ce qui concerne les prairies permanentes, Limagrain propose la gamme Belpré qui contient plusieurs mélanges à choisir selon l’utilisation de la prairie (fauche ou pâturage) ainsi que l’intensité souhaitée.
Rénover une prairie existante
Selon Limagrain, la rénovation des prairies est synonyme d’un bon management des pâturages. Ainsi, si la rénovation est effectuée trop tard, la proportion de plantes de moindre qualité augmente progressivement. En effet, le passage des engins ainsi que le piétinement du bétail détériorent la structure du sol. Il s’ensuit la nécessité d’apporter des concentrés pour garder une bonne production laitière. Ainsi, la firme annonce que la qualité des prairies se dégrade chaque année de l’ordre de 10 VEM par kilogramme de matière sèche. Des études menées par l’ILVO ont mis en lumière une perte de rendement de 12 % après 5 ans par rapport au rendement obtenu l’année du semis. Il est donc conseillé de rénover les prairies tous les 5 ans. Pour effectuer cette opération, Limagrain a mis sur le marché Belpré Revita qui contient du ray-grass anglais tétraploïde.
| Quels sont les intérêts des betteraves fourragères pour mon troupeau ? Les betteraves fourragères restent un bon aliment appétant qui garde tout son intérêt. Une fois incorporées dans la ration, elles permettent de produire 1060 VEM par Kg de matière sèche. Cette valeur énergétique est proche de celle des concentrés. Selon Limagrain, il est possible d’atteindre des rendements jusqu’à 130 tonnes à l’hectare, ce qui fait des betteraves fourragères une très bonne source de VEM. De plus, les betteraves favorisent l’ingestion globale de la ration tout en permettant d’augmenter les taux protéiques et butyreux du lait. La variété Rialto est la plus vendue en Belgique. Celle-ci est une variété vendue pré-germée et elle est tolérante au rhizoctone. Ces deux caractéristiques facilitent le semis et permettent d’obtenir une récolte de qualité. Enfin, cette variété peut se conserver facilement jusqu’au mois de mai et elle peut être distribuée sans être broyée. |
Texte et illustrations : Antoine Van Houtte
