Dans le paysage belge du terrassement et des infrastructures, GYVA bv s’est imposée comme un acteur incontournable en l’espace de quinze ans seulement. Fondée par Yannick Van Asch et développée aux côtés de son épouse Hyndra Le Clerq, l’entreprise a connu une croissance fulgurante tout en conservant un esprit profondément familial. Ce portrait retrace le parcours de cette société ambitieuse, sa vision du métier, ses choix stratégiques et humains, ainsi que ses perspectives d’avenir.
GYVA signifie Grondwerken Yannick Van Asch. L’entrepreneur de 38 ans a démarré en 2011. Moins de quinze ans plus tard, nous visitons une entreprise qui emploie environ 35 personnes, en plus de nombreux sous-traitants actifs au quotidien. Nous avons rencontré Yannick et son épouse Hyndra Le Clerq dans leurs locaux à Malines (province d’Anvers).
Une grande avancée
Hyndra explique qu’elle a rejoint l’entreprise après environ un an : « J’ai commencé comme chauffeur poids lourd, mais il n’a pas fallu longtemps avant que l’entreprise ne commence à croître et que je sois de plus en plus occupée par l’administratif. Aujourd’hui, je ne conduis plus que lorsqu’il y a urgence. »
« À un certain moment, nous avons commencé à travailler pour WDP (Warehouses de Pauw). Feu Tony De Pauw a été la première personne à nous faire confiance en nous confiant un grand chantier, alors que nous n’avions que deux employés. Nous lui devons énormément : grâce à sa confiance, nous avons décroché projet après projet. C’est ainsi que nous avons aussi fait la connaissance de l’entreprise de construction industrielle Willy Naessens – en fait à cause d’un escalier mal installé sur un chantier WDP », raconte Hyndra. « Le chef de projet de WDP et le conducteur de travaux de Willy Naessens ont demandé conseil à Yannick. Il a réussi à extraire l’escalier mal posé, à le recouper sur place et à le replacer correctement sans démonter une partie du bâtiment. » Cette prestation a permis à GYVA de commencer à travailler directement pour Willy Naessens.
Aujourd’hui, l’entreprise a continué à se développer. Elle intervient principalement comme entrepreneur principal en infrastructures pour l’aménagement de hubs logistiques et comme sous-traitant pour d’autres entreprises de voirie, notamment pour les travaux de coffrage et l’asphaltage. « Nous travaillons uniquement pour des projets privés, jamais sur appel d’offres publics. » Yannick et Hyndra restent les forces motrices, mais un investisseur externe a rejoint l’aventure pour soutenir la croissance.
Trouver l’équilibre entre chantier et bureau
Pour les dirigeants, l’un des grands défis est de trouver le juste équilibre entre terrain et gestion : « Il est essentiel de placer les bonnes personnes aux bons postes sans s’épuiser. C’est pour cela que nous avons besoin de bras droits : nos chefs de projet. On peut dire que depuis un an seulement, nous avons enfin tout mis en place, notamment avec l’arrivée d’un nouveau chef de projet pour notre département infrastructures. Trouver les bonnes personnes est extrêmement difficile. Ce chef de projet vient d’une autre entreprise, mais nous tenons à souligner que nous ne débauchons pas les collaborateurs de nos confrères. Si nous savons que quelqu’un n’est plus heureux chez son employeur, nous en discutons d’abord avec ce dernier, et ce n’est qu’ensuite, si la personne veut réellement partir, que nous intervenons. »
Les chefs de projet, maillons essentiels
Jusqu’à récemment, le couple (qui a aussi une fille) habitait tout près de l’entreprise : « Mais ainsi, nous ne pouvions jamais décrocher du travail. C’est pourquoi nous avons déménagé plus loin. Nous voulons désormais être présents deux jours par semaine au bureau et travailler à domicile le reste du temps. Les chefs de projet deviennent donc encore plus importants pour l’entreprise. Cela nous laisse aussi plus de place pour gérer correctement l’administratif. Facturation et devis ne peuvent pas prendre de retard, c’est vital pour la continuité. »
Évidemment, ils ne gèrent pas seuls toute l’administration : « Nous avons une équipe administrative en qui nous avons une confiance totale. » L’esprit familial reste au centre : « Notre responsable RH et notre comptable sont par exemple des amis proches. »
De Bruycker, fournisseur privilégié
Le parc machines est aussi crucial pour une société comme GYVA. « Au début, nous achetions d’occasion, mais cela nous a causé beaucoup de problèmes. Aujourd’hui, nous privilégions le neuf ou l’occasion avec garantie constructeur. Chez De Bruycker, nous avons trouvé le partenaire idéal : ils fournissent les pelles Kobelco, les compacteurs et finisseurs Bomag, ainsi que la machine de coffrage Gomaco. Leur service après-vente est exceptionnel. Même un vendredi après-midi, ils envoient un technicien avec toutes les pièces pour réparer immédiatement. Contrairement à d’autres marques où Yannick devait souvent bricoler lui-même, car attendre deux semaines pour une réparation était impossible. C’est pour cela que ses vêtements sont toujours sales ! »
La « touche GYVA »
Toutes les pelles sont donc des Kobelco, sauf une vieille Volvo. Pour les bulldozers et chargeuses sur pneus, c’est Komatsu. « Là aussi, nous sommes satisfaits : un bon vendeur fait la différence. Les machines sont renouvelées après un certain nombre d’heures. Une nouvelle machine va toujours d’abord à un ancien, et son ancienne machine est transmise à un nouveau collègue en formation. Les opérateurs peuvent demander certaines options selon leurs besoins, comme un siège adapté pour le dos ou un tiltrotator. La plupart des engins reçoivent aussi nos couleurs maison. »
L’entreprise possède plus de 50 machines. Les plus imposantes incluent trois pelles de plus de 30 tonnes, dont la Kobelco SK380SRLC-7, toute récente. On compte aussi des mini-pelles, deux finisseurs Bomag, une machine Gomaco, quatre bulldozers, plusieurs chargeuses, un concasseur, un crible et quatre tracteurs Fendt (clin d’œil au grand-père de Yannick, qui utilisait déjà cette marque). Pour les camions, après quelques hésitations, Scania est devenu le choix de référence.
Pas encore d’électrique
« Nous n’avons pas de machines électriques, et nos clients ne nous demande pas encore cela. Nos voitures de service sont bien électriques, mais pour les camionnettes, c’est trop tôt : autonomie trop faible et infrastructures insuffisantes. Installer un groupe électrogène sur chantier pour recharger serait contradictoire. En plus, la technologie des engins électriques n’est pas encore mûre : même les machines classiques rencontrent souvent des pannes de capteurs. Mais quand la technique sera au point, nous serons prêts. »
Certaines machines disposent déjà de cabines pressurisées, car GYVA est spécialisée dans les travaux de dépollution des sols et le désamiantage. « Nous voulons protéger au maximum nos machinistes. Notre conseiller interne en prévention organise régulièrement des toolbox meetings sur la sécurité. Nous insistons aussi sur l’importance de prendre soin les uns des autres. »
Tout en interne
GYVA fait la différence en gardant presque tout en interne : « Démolition, préparation des sols, stabilisation, pose d’égouts… Nous faisons tout sauf construire le bâtiment. Ensuite, nous posons aussi les bordures, l’asphalte et préparons les espaces verts. Le grand avantage est la souplesse : si la météo empêche l’asphaltage, nous pouvons basculer sur une autre tâche. »
L’entreprise intervient dans tout le pays : « Nous suivons nos clients, souvent des grands acteurs logistiques qui construisent des hubs partout en Belgique. Beaucoup sont des clients réguliers. Les nouveaux arrivent par bouche-à-oreille, parce qu’ils voient nos engins signalés ou via notre investisseur. »
Concernant l’avenir, Hyndra dit : « Yannick déborde d’ambition. Il peut avoir rapidement de nouvelles idées selon les rencontres. Mais il y a tout de même un plan : nous avons trois départements – Infrastructures, Asphalte et Coffrage glissant – que nous voulons renforcer. À long terme, Yannick rêve d’avoir sa propre carrière de concassage, ainsi qu’une centrale à béton et à asphalte. »
Texte et illustrations : Seppe Deckx
