La lutte contre la Diarrhée Virale Bovine (BVD) progresse de manière significative en Wallonie. Aucun cas de naissance de veau IPI (Infecté Permanent Immunotolérant) n’a été recensé depuis cinq mois consécutifs. Une avancée majeure qui témoigne de l’efficacité des mesures mises en place, mais qui soulève également de nouveaux enjeux pour l’avenir du secteur.
Entre les restrictions à l’exportation vers certaines zones européennes, les exigences des engraisseurs et les ajustements réglementaires attendus, la question se pose : comment garantir la pérennité des résultats obtenus tout en assurant la compétitivité des élevages wallons ?
Exportation vers l’Allemagne
En Europe, quatre pays sont reconnus indemnes de BVD : l’Autriche, la Suède, la Finlande et le Danemark. L’Allemagne a quant à elle obtenu le statut indemne de BVD pour une large partie de son territoire et suit un programme d’éradication approuvé pour le reste du pays. Seule l’Irlande bénéficie également d’un plan d’éradication approuvé. Ce statut « Indemne au niveau européen » implique que les bovins introduits sur ces territoires doivent répondre à des conditions strictes, notamment être issus de troupeaux reconnus indemnes de BVD.
Or, la Belgique n’est pas indemne, ne dispose pas d’un plan d’éradication approuvé et octroie le statut indemne à ses troupeaux bovins sur la base de critères jugés insuffisants selon la Loi européenne de santé animale. Il n’est donc plus possible, en l’état actuel, d’exporter nos bovins vers les zones indemnes allemandes. Avant de pouvoir recevoir la reconnaissance européenne, notre législation nécessiterait une adaptation pour correspondre aux critères requis. Mais cela prend du temps et suppose des discussions afin de parvenir à un accord collégial. Cependant, les discussions sont au point mort : ces derniers mois, la lutte contre l’IBR et la campagne de vaccination FCO-MHE ont fortement mobilisé tous les acteurs concernés.
* Sain: troupeau non infecté ni foyer qui ne reçoit pas le statut indemne car 100% des bovins y ayant
séjourné au cours des 12 derniers mois ne sont pas certifiés «Non IPI» (il s’agit généralement de troupeaux
où les veaux mort-nés ne sont pas testés contrairement à ce que prévoit la législation).
** Exempté: troupeau renseigné comme parc zoologique exempté de dépistage BVD.
*** Infraction: troupeau bloqué suite au non dépistage attendu de longue date d’au moins un bovin
présent dans l’exploitation
C’est pourquoi, en attendant la nouvelle législation, et suite à une demande expresse formulée plusieurs mois auparavant par des exportateurs wallons, l’AFSCA a publié en octobre 2024 des conditions permettant une qualification indemne de troupeaux belges reconnue au niveau européen, afin de permettre l’exportation de bovins vers les zones allemandes officiellement indemnes de BVD. Cette certification est actuellement actée via l’envoi d’une attestation à durée limitée (six semaines) émise par l’association compétente (ARSIA ou DGZ), laquelle vérifie si le troupeau a un statut indemne belge depuis au moins 18 mois, et si les bovins introduits au cours de cette période provenaient tous de troupeaux indemnes. Depuis la mise en place de cette procédure, des attestations en vue d’exportation vers l’Allemagne ont été émises à six reprises par l’ARSIA.
Dépistage des veaux mâles pour l’engraissement
Pour rappel, les engraisseurs de veaux ont réinstauré en 2021 le dépistage systématique de la BVD pour les veaux belges introduits chez eux, afin de faire face au problème d’antibiorésistance. En effet, selon eux, les veaux certifiés « non IPI par statut troupeau » n’offrent pas de garantie suffisante pour s’assurer qu’ils ne sont pas IPI. Et un veau IPI non détecté risque d’amplifier l’usage d’antibiotiques, conséquence de l’immunodépression qu’il engendre chez ses congénères. Par conséquent, afin de pouvoir envoyer leurs veaux mâles à l’engraissement dans les délais requis, des éleveurs plus nombreux qu’à l’accoutumée ont dû faire appel à leur vétérinaire pour prélever leurs bovins en vue d’un dépistage BVD.
En février 2025, la colère est montée chez bpost et une grève a suivi. Des biopsies d’oreille ont alors été « prises en otage » dans les centres de tri du pays. Sur une courte période, les gestionnaires de ces ateliers d’engraissement ont donc accepté d‘intégrer des veaux non testés, à condition qu’ils soient issus de troupeaux indemnes, ceci afin de ne pas bloquer des veaux en ferme en raison des biopsies en attente dans les centres de tri de bpost. Cet épisode a soulevé des questionnements quant à la pertinence d’exiger le dépistage à la naissance des veaux destinés à cette filière d’engraissement.
En effet, vu l’évolution de la lutte et en tenant compte de cette tolérance exceptionnelle lors de la grève de bpost, les gestionnaires devraient peut-être revoir leur position afin de ne plus recourir à un dépistage systématique, tout en maintenant un niveau de sécurité sanitaire élevé.
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Texte : ARSIA · Infographies : ARSIA · Illustration : Collège des Producteurs