Le secteur laitier belge se trouve à un moment charnière. Alors que la consommation domestique augmente et que la demande internationale continue de croître, les transformateurs laitiers subissent la pression de faibles marges et de nombreuses incertitudes. Cela a incité à la prudence, ce qui se reflète dans une baisse des investissements de 6 %. Néanmoins, les transformateurs laitiers ont réalisé un résultat honorable avec un chiffre d’affaires de 7,3 milliards d’euros en 2024. Les entreprises laitières font preuve de résilience et d’orientation vers l’avenir et renforcent leur capacité de résistance.
C’est pourquoi la CBL, la fédération belge des transformateurs laitiers, appelle à la reconnaissance du rôle stratégique des transformateurs laitiers et plaide pour une politique industrielle réfléchie. “Grâce à des efforts en faveur de la durabilité, à la collaboration et à des gains d’efficacité tout au long de la filière, l’industrie laitière veut maintenir sa compétitivité et continuer à construire un avenir rentable pour tout le secteur laitier. Nous demandons aux autorités d’ancrer structurellement cette vision dans leur politique, et de reconnaître ainsi la valeur du secteur.”, déclare Lien Callewaert, directrice de la CBL.
Opportunités pour le secteur laitier belge
Les produits laitiers sont profondément ancrés dans les habitudes alimentaires des Belges. En 2024, pas moins de 72% des Belges ont consommé quotidiennement au moins un produit laitier. La consommation des ménages de produits laitiers a augmenté avec 4%1. La reconnaissance croissante de produits de base naturels offre des opportunités au secteur laitier. A l’échelle mondiale aussi, la demande continue de croître, en raison de l’augmentation de la population mondiale et des revenus en hausse dans les régions en croissance économique.
De plus, les baromètres économiques des exploitations laitières sont majoritairement au vert foncé depuis fin 2021. Grâce aux prix élevés du lait – tirés par la demande internationale – ces dernières années ont été parmi les plus rentables jamais enregistrées. Cela a donné aux producteurs laitiers le souffle nécessaire et une réserve financière pour se préparer aux défis futurs.
Les marges des transformateurs laitiers sont sous pression
Et pourtant des nuages sombres empêchent les transformateurs laitiers de percevoir un avenir prometteur. La marge nette de l’industrie laitière est restée particulièrement faible en 2023, à 1,23%2. En 2024, le prix annuel du lait – un poste de coût important pour les transformateurs laitiers – s’est élevé à 49,62 euros/100 litres de lait. Cela représente pas moins de 9 % de plus qu’en 2023 et met la rentabilité des transformateurs laitiers davantage sous pression en 2024.
Le recul de la production laitière de 0,8 % crée aussi de l’incertitude. Bien que la conjoncture économique favorable de ces dernières années permette aux éleveurs laitiers d’investir dans l’environnement et la durabilité, l’incertitude juridique quant à la politique, l’accès difficile aux terres agricoles et la charge administrative élevée continuent de peser sur les éleveurs laitiers. Moins de matière première pour les transformateurs laitiers signifie un risque de sous-utilisation de la capacité de production, ce qui augmente les coûts par unité. Enfin, l’instabilité géopolitique suscite également des inquiétudes concernant le commerce mondial.
Les transformateurs laitiers résilients, mais prudents
En dépit de ces conditions turbulentes, les transformateurs laitiers affichent à nouveau un bon résultat annuel en 2024, avec un chiffre d’affaires de 7,3 milliards d’euros. Les entreprises laitières sont conscientes des défis à venir et aiguisent leur résilience. De plus, elles misent pleinement sur la poursuite des efforts pour plus de durabilité, et ce tant dans leurs propres sites que chez les producteurs laitiers. “En 2024, 1 585 analyses climatiques ont été réalisées dans des exploitations laitières. Ces analyses offrent des outils concrets adaptés à l’agriculteur pour poursuivre ses efforts de durabilité. De la sorte, les transformateurs misent clairement sur l’avenir”, souligne Lien Callewaert.
Les investissements en baisse (- 6 %) reflètent toutefois la prudence accrue des transformateurs laitiers dans ce contexte complexe. “Et avec plusieurs reprises et annonces de fusions en Belgique et à l’étranger au cours de l’année écoulée, le paysage laitier est aussi profondément remanié”, ajoute la directrice.
Construire ensemble à un secteur laitier tourné vers l’avenir
Grâce à sa solide organisation, à son expérience des fluctuations du marché et à l’unique combinaison d’ancrage local et de force de frappe internationale, la filière laitière belge se distingue par sa flexibilité et sa résilience. Aujourd’hui encore, les transformateurs laitiers comptent sur ces atouts de l’ensemble du secteur pour relever les défis de demain.
Le secteur réalise déjà des efforts considérables en matière de durabilité. De nouveaux progrès requièrent des initiatives communes qui motivent les consommateurs à payer un supplément équitable pour des produits plus durables, tels que réclamés par la société.
Parallèlement, la CBL demande une reconnaissance du rôle stratégique des transformateurs laitiers au sein de la filière. La consolidation croissante au sein du secteur souligne l’importance de la rentabilité comme fondement de la compétitivité et de la viabilité future. Cela demande des gains d’efficacité, non seulement de la part des transformateurs laitiers, mais aussi de chaque maillon de la chaîne.
“Les premières mesures prises aux différents niveaux politiques en faveur d’une politique industrielle réfléchie et d’une simplification administrative sont positives. Mais il est essentiel d’ancrer cette approche structurellement, afin d’explorer automatiquement l’impact de chaque nouvelle initiative sur la compétitivité. Il est temps de reconnaître la valeur du secteur laitier belge, tant l’élevage laitier que la transformation laitière. Nous garantissons l’approvisionnement alimentaire local avec des produits sains, sûrs, de qualité et issus d’une production durable, nous créons des emplois et contribuons au moteur économique de notre pays.”, conclut Sébastien Buytaert, président de la CBL.
1 Chiffres de consommation domestique de YouGov Belgique auprès de 6 000 ménages, à la demande de VLAM.
² Observatoire des prix ‘Evolution des prix et des marges dans la chaîne alimentaire: une analyse du mécanisme de transmission des prix pour la Belgique (version 2024)
Texte et infographie : CBL · Illustration : Antoine Van Houtte
